Prédication prononcée
le vendredi saint 18 avril 2014
Chers Amis,
Il est resté gravé dans les mémoires, ce jour !
Tous ceux qui l'ont vécu en ont gardé une trace, marquée au fer, dans leur cœur.
Ce jour là, tout a basculé.
Ils ont d'abord cru que tout avait basculé vers le néant, que c'était la fin d'un beau rêve.
Ils ont cru que la réalité était de retour, la triste réalité d'un monde sans issue.
Ils ont cru que l'espoir était mort, sur le bois d'une croix.
Et puis ils ont compris qu'ils s'étaient trompés. Oh, pas du jour au lendemain.
Bien sûr, il y a eu l'éblouissement de Pâques, pour quelques-uns.
Mais c'est petit à petit que la nouvelle a fait son chemin pour les autres,
et que la conviction s'est frayé un passage dans les cœurs déçus.
Non, la croix n'était pas la fin !
Non, elle n'était pas le sinistre récit d'une exécution capitale; elle était autre chose… Quelque chose qu'il fallait raconter… Raconter en en disant toute la portée.
Mais comment comprendre ce qui s'est passé ? Comment comprendre ce qui était vraiment en jeu ?
Au fond, vous souvenez-vous ce que Jésus a dit, sur la croix ?
Mais qui le sait exactement ? !
Il y a quatre évangiles. Quatre récits de la passion du Christ.
Et chacun d'entre eux est un essai de comprendre, d'interpréter. Et il y a des différences.
Ainsi, dans l'Évangile de Jean que nous avons lu, il y a une parole qui manque !
Et pas des moindres :
le vendredi saint 18 avril 2014
Lectures : | Psaume 22,1-22 Jean 19,16-30 |
Chers Amis,
Il est resté gravé dans les mémoires, ce jour !
Tous ceux qui l'ont vécu en ont gardé une trace, marquée au fer, dans leur cœur.
Ce jour là, tout a basculé.
Ils ont d'abord cru que tout avait basculé vers le néant, que c'était la fin d'un beau rêve.
Ils ont cru que la réalité était de retour, la triste réalité d'un monde sans issue.
Ils ont cru que l'espoir était mort, sur le bois d'une croix.
Et puis ils ont compris qu'ils s'étaient trompés. Oh, pas du jour au lendemain.
Bien sûr, il y a eu l'éblouissement de Pâques, pour quelques-uns.
Mais c'est petit à petit que la nouvelle a fait son chemin pour les autres,
et que la conviction s'est frayé un passage dans les cœurs déçus.
Non, la croix n'était pas la fin !
Non, elle n'était pas le sinistre récit d'une exécution capitale; elle était autre chose… Quelque chose qu'il fallait raconter… Raconter en en disant toute la portée.
Mais comment comprendre ce qui s'est passé ? Comment comprendre ce qui était vraiment en jeu ?
Au fond, vous souvenez-vous ce que Jésus a dit, sur la croix ?
Mais qui le sait exactement ? !
Il y a quatre évangiles. Quatre récits de la passion du Christ.
Et chacun d'entre eux est un essai de comprendre, d'interpréter. Et il y a des différences.
Ainsi, dans l'Évangile de Jean que nous avons lu, il y a une parole qui manque !
Et pas des moindres :
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? »
Sûrement pas!
D'abord, il connaissait les autres évangiles, il s'en est clairement inspiré.
Ensuite, il connaissait le psaume 22, qui commence par cette phrase.
Il le connaît si bien qu'il cite une autre phrase de ce même psaume :
« ils se sont partagé mes vêtements, et ma tunique, ils l'ont tirée au sort ».
Et quand il fait dire à Jésus « j'ai soif » et qu’il explique que c’est pour que l'écriture soit accomplie, il fait allusion à l'auteur du psaume, qui se plaint de sa langue qui colle au palais !
Le Psaume 22 est donc bien là, en arrière-plan de tout le récit, mais sa première phrase manque !
Alors quoi?! Jésus s'est-il senti abandonné par le Père, ou pas ?
D'après Jean, non !
Jean a toujours souligné l'unité profonde entre le Père et le Fils. Tout au long de son Évangile, il montre que Jésus veux ce que Dieu veut : il n'y a pas d'autre volonté de Dieu que celle que l'on voit en regardant au Christ.
Où est Dieu au moment de la croix ?
Pour Jean, Dieu n'est pas absent. Il est au contraire totalement présent, totalement identifié au serviteur souffrant.
Alors que pour les autres évangélistes, Jésus apparaît séparé de Dieu :
- Dans Marc et dans Mathieu on trouve cette parole : « Mon Dieu mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné » ?
- Luc quant à lui ne cite pas cette parole mais nous assistons à la prière-combat de Jésus à Gethsémané et nous observons la même distance avec son Père.
Mais qu'en est-il vraiment? Au-delà des interprétations, peut-on toucher la vérité ?
Et comment le pourrions-nous! Il s'agit finalement de la solitude du Christ, que personne ne peut pénétrer à sa place, tout comme nous ne pouvons pas savoir ce qui se passe dans la tête de quiconque d'autre !
Seul, le Christ l’est de toute façon face aux humains.
Entouré comme par une meute. Encerclé. Piégé.
Le point commun de tous ces récits, c'est bien le reste du Psaume 22 !
Et c'est aussi le sens ultime du don du Christ : prendre la place du plus rejeté d'entre les rejetés !
Le reste est un mystère qui ne se résout qu'au matin de Pâques.
Ce jour, on comprend que Dieu n'était pas absent.
Dans l'Évangile de Jean, la lumière de Pâques éclaire simplement plus le vendredi saint, que dans les autres évangiles.
Et nous ! Quand nous traversons des heures sombres, Dieu est-il là, ou est-il absent ?
Nous aussi nous ne le saurons vraiment que plus tard, au jour de notre propre résurrection !
Mais depuis vendredi saint, nous savons que le fils de Dieu est aussi passé par là !
Il n'y a pas d'heure sombre qu'il n'ait pas déjà connue !
Dans la souffrance, il nous a précédés, pour nous ouvrir une issue.
Dans la vie, il nous attend.
Amen
Olivier Schopfer
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