Lectures : | Jean 13,1-11 Jean 13,12-17 |
Chers Amis,
La question que Jésus pose à ses disciples, elle est aussi pour nous !
« Comprenez-vous ce que j'ai fait pour vous ? »
Si quelqu'un parmi vous peut répondre « oui », c'est qu'il n'a pas très bien entendu la lecture de ce récit de l'Évangile de Jean. Car ce récit est truffé d'indications qui nous appellent à la plus grande des modesties. Qu'est-ce que nous comprenons ? Qu'est-ce que nous savons ?
Qu'il faut rendre service à son prochain parce que Jésus nous a rendu service ?!
Allons donc ! C'est là une interprétation complètement réductrice et pour tout dire, moralisatrice.
Les disciples n'avaient rien demandé à Jésus. Ils n'étaient pas dans l'attente d'un service à lui rendre !
La première chose difficile à comprendre, c'est le contraste entre l'introduction grandiose de ce passage, et le geste de Jésus :
Avant la fête de la Pâque, Jésus sachant que son heure était venue, l’heure de passer de ce monde au Père, lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême. Au cours d’un repas (…), sachant que le Père a remis toutes choses entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il va vers Dieu, Jésus se lève de table… (et là, on attend un geste grandiose !)
Mais non : Jésus dépose son vêtement et prend un linge dont il se ceint. 5Il verse ensuite de l’eau dans un bassin et commence à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint…
C'est comme si l'on disait : avant la fête de la Pâque… Jésus se lève…
et il va faire la vaisselle !
Ou encore : il va nettoyer les toilettes !
Autant dire que les disciples n'y comprennent rien du tout. Ils sont même choqués. Un peu vexés de voir leur maître s’abaisser autant. Ils sont gênés… Un peu comme quand quelqu'un vous apporte un cadeau complètement exagéré, alors que vous n'avez rien fait pour celui qui vous l’apporte…
D'ailleurs, Jésus ne livre pas le sens de son geste. En fait il l’impose à Pierre.
Quand nous entendons l’histoire, la collision entre cette introduction grandiose et ce geste complètement inattendu nous suggère qu'il y a un rapport entre la phrase « il aima les siens jusqu'à l'extrême » et cette action de laver les pieds de Pierre, cette action si concrète qu’elle a choqué les disciples !
Le lien, c'est la gratuité ! Toute la vie du Christ est placée sous le signe de cette gratuité. Nous n'avons rien demandé… C'est Jésus qui prend l'initiative. Et pourquoi la prend-il ?
Là encore, écoutons la réponse du texte :
«Jésus, sachant que son heure était venue, l'heure de passer de ce monde au Père…»
Et plus loin : « Jésus, sachant que le père a remis toute chose entre ses mains, qu'il est sorti de Dieu et qu'il va vers Dieu… Il se lève de table ! »
Ce savoir de Jésus, c'est sa connivence avec le Père. Il est habité par la conscience d'être envoyé par le Père. Il veut ce que Dieu veut. Il fait ce que Dieu fait.
… Et tout cela finit autour d'une cuvette qui sent les pieds !
Le sens du geste n'est pas donné, puisqu'il est gratuit !
C’aurait aussi bien pu être autre chose.
Ce geste est gratuit, comme l’amour donné.
Il est gratuit comme la croix, il annonce la croix, mais plus encore, la résurrection!
Il est gratuit comme le pain et le vin que le Christ partage avec nous.
Ce qu'il faut voir, c'est la manière dont ce geste nous entraîne nous aussi.
Le moralisme, ce serait de faire de ce geste une dette qui nous oblige.
C'est bien ça que redoute Pierre ! Être entraîné dans une spirale de devoir sans fin. « Me laver les pieds à moi, jamais ! »
Or ce n'est pas cela que Jésus propose !
Il nous propose d'entrer dans le mouvement d'amour qui va du Père vers le Fils, et du Fils vers chacun de nous.
Il nous propose de nous mettre en route en étant habités par la même gratuité.
Ce n'est pas l'action qui vient en premier, encore moins l'activisme !
Ce qui vient en premier c'est de savoir nous aussi ce que le Christ sait.
Ce soir, soyons habités par ce que nous savons :
en Jésus-Christ, Dieu nous a aimé jusqu'à l'extrême.
Amen
Olivier Schopfer
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