Si vous vivez selon la chair... |
Si vous vivez selon la chair... |
Lecture : | Romains 8,9-16 |
Vous, vous n'êtes pas sous l'empire de la chair, mais de l'Esprit, puisque l'Esprit de Dieu habite en vous.
Il y a quelque chose de massif dans cette affirmation de l'apôtre Paul. Quelque chose de radical et définitif, qu'on retrouve aussi à la fin de notre passage :
Vous n'avez pas reçu un esprit qui vous rende esclaves et vous ramène à la peur, mais un Esprit qui fait de vous des fils adoptif, et par lequel nous, (c'est-à-dire nous et vous) prions "Abba, Père".
« Nous », c'est-à-dire l'apôtre Paul et ceux qui sont avec lui à ce moment, et « vous », les Romains, les chrétiens de la jeune église qui est à Rome.
Mais bien sûr pas seulement… Nous aussi aujourd'hui ! Nous faisons partie de ce « vous » à qui Paul dit avec force : l'Esprit de Dieu habite en vous !
Ce n'est pas une question. Ce n'est pas une discussion : c'est un donné ! C'est déjà fait ! Jésus-Christ est déjà passé par la mort, il est déjà ressuscité. Il nous a déjà donné son Esprit. Il n'y a là rien à décider, tout est déjà donné.
Mais alors, pourquoi y a-t-il des « si » ?
« Si Christ est en vous ».
« Si l'esprit habite en vous ».
Mais aussi dans l'autre sens :
« Si quelqu'un n'a pas l'esprit du Christ ».
Et cette inquiétante affirmation : « Si vous vivez de façon charnelle, vous mourrez. »
Comment concilier cette grâce qui nous précède, avec ces « si », qui laissent entendre qu'il y a peut-être quand même des conditions?
Une manière simple serait de dire : « Il y a nous, et il y a les autres » ! Nous, nous sommes du bon côté. Nous, nous avons compris, accepté. Nous, nous avons fait ce qu'il faut… Quant aux autres, ils sont forcément dans l'erreur !
Très vite nous pouvons nous retrouver avec une attitude suffisante, comme ce pharisien qui disait : Seigneur je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme ces collecteurs d'impôts et ces pécheurs…
Ou alors nous pouvons nous mettre à nous poser mille questions, à nous demander si nous ne sommes pas peut-être quand même du mauvais côté, malgré ce que Paul affirme.
D'un côté, les auto-suffisants, les sectaires, qui ont toujours raison, mais bien peu d'amour pour les autres !
De l'autre, les angoissés, les inquiets, qui pensent avoir toujours tort, et qui ont bien peu d'amour-propre !
* * *
Mais il y a aussi une autre façon de comprendre ces « si » : De les comprendre comme des modalités de ce que nous sommes. Nous sommes les deux ! Nous sommes à la fois, en la chair, celui qui est appelé à disparaître, et en l'Esprit, celui qui est appelé à vivre !
Les Réformateurs ont résumé cela par la formule « simul peccator et justus », à la fois pécheur et homme justifié. Ou plutôt, encore pécheur et déjà justifié.
Car les deux états n'ont pas la même nature. Ils ne sont pas au même niveau. L'un se relie au passé, il est déjà condamné, crucifié. L'autre se relie à la réalité à venir, mais qui est déjà présente, déjà ressuscitée.
Ce qui nous asservit, la faiblesse, la maladie, la mort, mais aussi parfois notre propre stupidité, nos contradictions, tout cela disparaîtra, dit Paul. Tous cela, c'est ce qu'il appelle « la chair ». Et Dieu donnera vie à nos corps dans leur dimension spirituelle, cette dimension de l'Esprit qui habite déjà en nous.
Qu'est-ce qu'un corps qui n'est plus charnel mais spirituel ? C'est difficile à imaginer ! Mais Paul insiste sur le caractère corporel de la résurrection (ce qui n'est pas la même chose que son aspect charnel. Corporel, mais pas charnel).
Pas une abstraction : une réalité très concrète, que l'on pourra toucher, voir, sentir, entendre… Et même goûter ! Une réalité où les sens ne sont pas bannis.
Du coup, on comprend mieux cette phrase : « si vous vivez de façon charnelle vous mourrez ; mais si par l’Esprit, vous faites mourir ce qui est de la chair, vous vivrez ».
Ce n'est pas ou bien, ou bien : c'est les deux ! Aujourd’hui, nous sommes les deux !
En tant qu'êtres de chair, nous mourrons, nous le savons bien ! Mais en tant qu’êtres de l'Esprit, une fois que nous serons séparés de ce qui nous asservit, nous vivrons !
Du coup, et qu'est-ce qui nous différencie de ceux qui ne croient pas ?
- Non, Dieu nous aime pas plus qu’eux !
- Non, ses promesses ne sont pas réservées à ceux qui croient !
Ce qui nous différencie, c'est cet espoir qui nous permet de commencer déjà à vivre de l'Esprit, qui nous permet de commencer déjà à nous affranchir de ce qui nous asservit. Ce qui nous différencie, c'est notre regard sur notre propre vie, sur notre monde. Un regard éclairé par ce que le Christ a accompli.
En Jésus-Christ, en son Esprit, nous n'allons pas vers la fin.
Au contraire, c'est le commencement !
Amen
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