Comment les disciples de Jésus ont-ils vécu cette
soirée si particulière? L'évangile de Mathieu fait la part belle
aux paroles de Jésus, bien sûr! Mais les disciples? Que
savons-nous d'eux, de ce qu’ils ont vécu? Que savons-nous de leurs émotions? Qu'en dit l'évangile de Matthieu?
Ugolino di Nerio Le dernier repas |
Prédication du jeudi saint, 2 avril 2015, Berne
Lectures : | Matthieu 26,17-35 |
Comment les disciples de Jésus ont-ils vécu cette
soirée si particulière ? L'évangile de Mathieu donne la part belle
aux paroles de Jésus, bien sûr !
Mais les disciples ? Que savons-nous d'eux, de ce qu’ils ont vécu ?
Mais les disciples ? Que savons-nous d'eux, de ce qu’ils ont vécu ?
Qu'ils ont tout préparé comme Jésus leur avait dit
de le faire.
Qu'à la nouvelle, que l'un d'entre eux allait trahir
Jésus, ils ont été profondément attristés.
Qu'ils se sont tous mis à dire : « Serait-ce-moi,
seigneur ? »
Autrement dit, qu'ils se sont tous, d'une manière ou d'une autre, sentis concernés ;
pas seulement Judas qui savait ce qu'il faisait…
Comme si Jésus avait mis le doigt sur une fragilité que chacun ressentait au fond de lui.
Autrement dit, qu'ils se sont tous, d'une manière ou d'une autre, sentis concernés ;
pas seulement Judas qui savait ce qu'il faisait…
Comme si Jésus avait mis le doigt sur une fragilité que chacun ressentait au fond de lui.
Puis les disciples ont entendu les paroles de Jésus
et ont reçu de lui le pain (c'est mon corps) et la coupe
(c'est mon sang).
Et là, l'évangile ne nous dit rien de la réaction
des disciples.
Mais c'est comme si leur silence criait !
Comme s'il criait l'incompréhension, le trouble profond, un état de choc.
Mais c'est comme si leur silence criait !
Comme s'il criait l'incompréhension, le trouble profond, un état de choc.
Et comment pourrait-il en être autrement ? Nous
connaissons si bien ces paroles de l’institution de la sainte cène,
que nous en oublions la violence !
Mon corps ! Mon sang ! Mais pour ceux qui les ont entendues la toute première fois, imaginez !
Mon corps ! Mon sang ! Mais pour ceux qui les ont entendues la toute première fois, imaginez !
Et le contraste entre ces paroles terriblement
inquiétantes, et le repas de fête, fête de la Pâque, souvenir de
la sortie d'Égypte ! Un repas pour célébrer le dieu libérateur,
le dieu de Moïse, le dieu du long chemin vers le pays promis…
Je ne peux pas concevoir les disciples, parlant
joyeusement de la pluie et du beau temps. J'imagine plutôt une
ambiance plombée, chacun plongé dans une sorte d'introspection : Où
suis-je ? Quel est le sens de tout cela ?
Pourtant le texte nous dit qu'ils ont chanté les
psaumes, comme il se doit !
Ça n'a pas dû être facile, après « l'un de vous va me livrer », et après « je ne boirai plus de ce fruit de la vigne », même si Jésus a aussi dit que le jour viendrait, de le boire avec lui dans le Royaume de son Père.
Ça n'a pas dû être facile, après « l'un de vous va me livrer », et après « je ne boirai plus de ce fruit de la vigne », même si Jésus a aussi dit que le jour viendrait, de le boire avec lui dans le Royaume de son Père.
Les promesses d'un futur incertain n’aident pas
beaucoup, quand on est en pleine tourmente !
Et ce n'est pas fini ! Jésus ajoute une dernière
couche : « Vous allez tous tomber. Les brebis seront dispersées. Le
berger sera frappé. »
Nous connaissons la réaction de Pierre, son sursaut
de fierté.
Mais l'Évangile de Mathieu ajoute que tous les
disciples se joignirent à Pierre pour s'offrir de mourir avec
lui plutôt que de le renier.
Les voilà donc passés du « serait-ce moi ?
» au « je ne te renierai pas ! »;
d'une certaine ouverture à se remettre en question, à une crispation absolue,
au refus d'entendre des mots maintenant perçus comme blessants.
d'une certaine ouverture à se remettre en question, à une crispation absolue,
au refus d'entendre des mots maintenant perçus comme blessants.
Les voici surtout dans le déni de ce qui va arriver.
Ils ont rencontré leur propre limite, comme nous rencontrons la nôtre, tôt ou tard.
Ils ne seront pas des héros.
Ils n’aideront pas le Christ dans ce qu'il est venu accomplir.
Ils ont rencontré leur propre limite, comme nous rencontrons la nôtre, tôt ou tard.
Ils ne seront pas des héros.
Ils n’aideront pas le Christ dans ce qu'il est venu accomplir.
Au contraire, dans leurs faiblesses, dans leur
désarroi, ils seront les premiers à profiter de ce qu'il va
accomplir.
Car c'est pour eux qu'il fait cela. Pour eux et pour
nous. Ce qui, du point de vue des disciples, paraît un échec, sera
en fin de compte le signe de la grâce, du pardon, de l'accueil en
Jésus-Christ, qui lui seul a affronté la mort, qui l’a vaincue et
qui nous en a libérés.
Amen
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