Foule © Flickr |
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Chers Amis,
Jérémie s'adresse
à un peuple de Jérusalem, dont il dit:
« Ils tiennent ferme à leurs illusions ! »
« Ils tiennent ferme à leurs illusions ! »
Jésus, 600 ans plus
tard, voit une grande foule, en a pitié, lui parle et demande
à ses disciples de la nourrir.
Et vous, encore 2000 ans plus
tard, vous êtes assis dans une église, au milieu d'un
bien petit pays, duquel nous observons le monde, parfois en pensant
que nous en sommes le centre. Et vous écoutez un pasteur vous
montrer comment ces trois situations se relient spirituellement :
- Qu'avons-nous à voir avec le peuple de Jérusalem, du temps de Jérémie?
- Qu'avons-nous à voir avec la foule, dont Jésus a pitié?
- Qu'avons-nous à voir avec les disciples?
Commençons par la foule. Qui
sont ces gens? Qui sont ces foules qui apparaissent si souvent dans
les Évangiles?
On les voit venir vers
Jean-Baptiste, puis vers Jésus. On nous dit qu'elles viennent
de Jérusalem et de toute la région.
Mais comment se fait-il qu'il y
ait tant de gens qui apparemment n'ont rien d'autre à faire
que de parcourir des dizaines de kilomètres à pied,
pour venir entendre un prophète, ou se faire toucher par lui?
On parle de milliers…
Comme des brebis qui n'ont
pas de berger, nous dit-on…
Mais qu'est-ce qui arrive à
des brebis sans berger?
Sont-elles dans un grand
désarroi spirituel?
Non, elles sont simplement en
danger ! Elles risquent de ne pas trouver de nourriture.
Elles risquent de se faire attaquer par des animaux sauvages.
Elles risquent de mourir de faim ou de violence.
Elles risquent de se faire attaquer par des animaux sauvages.
Elles risquent de mourir de faim ou de violence.
Les travaux historiques nous
montrent une Palestine au temps de Jésus, ravagée par
les conflits récents et par l'emprise des Romains, avec
beaucoup de pauvres, sans travail fixe et souvent sans toit.
Des foules qui ont faim, pas
seulement parce qu'elles sont venues écouter Jésus en
oubliant leur pique-nique, mais parce qu'elles ont continuellement
faim ! Parce qu’elles n’ont pas de quoi se faire un
pique-nique !
J'ai entendu récemment une
conférence de Luzia Sutter Rehmann, professeure de Nouveau
Testament à Bâle, qui m'a ouvert les yeux sur ces
foules, et sur la faim, comme motif récurrent dans toute la
Bible.
Des foules, comme celles que
nous voyons à la télévision ces jours, des
images et une réalité que nous cherchons parfois à
repousser, ou peut-être sommes-nous soulagés de voir que
ces foules n'arrivent pas vraiment jusque chez nous…
* * *
Jérémie quant à
lui, ne parlait pas à des foules de pauvres gens. Il
s'adressait aux élites de Jérusalem, aux habitants de
ce pays, qui pensaient y habiter par un décret céleste
immuable.
«Un
peuple qui tient ferme à ses illusions, qui refuse de
changer», selon ce que leur dit
Jérémie, en précisant que cet immobilisme remet
en cause même ce qui paraît acquis pour toujours.
La colère de Jérémie
est en premier lieu religieuse. Il leur reproche d’adorer
toutes sortes d’autres dieux que le leur. Avec l'illusion que
cela n'a pas beaucoup d'importance…
Et nous ? Quelles sont nos
illusions ? Sur quoi fermons nous les yeux ? De quelles réalités
sommes-nous complices ? Quelles sont les dieux que nous adorons ? À
quoi ne voudrions-nous à aucun prix renoncer ? Qu'avons-nous
peur de perdre ?
* * *
Les disciples de Jésus
voient leur maître parler à la foule, le temps passe. A
la vue de cette foule, ils doivent se poser la même le même
genre de questions…
Plus la conversation de
prolonge, plus ils sont inquiets. «Bientôt, on ne pourra
plus s'en débarrasser!» Sont-ils inquiets pour la foule
ou pour eux-mêmes?
«Renvoie-les! Qu'ils
aillent s'acheter de quoi manger!»
S'acheter… mais avec quel
argent?!
Les disciples s'exercent à
l'art de la pirouette : comment dire qu'il faut que ces gens partent,
sans avoir l'air de les rejeter?!
La réponse de Jésus est
cinglante :
«Donnez-leur vous-même
à manger.»
Vous savez bien que l'histoire
ne s'arrête pas là, qu'à la fin, tout finit bien,
et même dans la surabondance…
Mais je vous propose
aujourd'hui de nous
arrêter là, parce que la réponse aux peurs
légitimes des disciples se trouve dans ce passage de témoin
entre Jésus et les disciples :
- Les disciples demandent à Jésus, ou plutôt ils lui suggèrent, de renvoyer la foule.
Ils veulent bien prendre la décision de renvoi, mais il préfère laisser l'exécution à quelqu'un d'autre. - Jésus, lui, veut mettre ses disciples en relation directe avec les gens qui sont là. « Donnez-leur vous-même à manger ».C'est de vos mains qu'ils doivent le recevoir, ce pain promis !
Parce que ce n'est que comme ça que vous les rencontrerez, et qu’ils vous rencontreront !
Ce n'est que comme ça que la peur sera vaincue, de part et d'autre !
Et le pain ?
Vous en avez plus que vous
pensez ! Pour le reste, dit Jésus, faites-moi confiance !
Y a-t-il eu un miracle ce jour-là
?
Bien sûr que oui !
Mais quel
était le miracle ?
- Que tous aient mangé assez ?
- Que la peur ait été surmontée ?
N’y réfléchissez
pas trop.
Vous aussi, allez, et faites des miracles !
Vous aussi, allez, et faites des miracles !
Amen
Olivier
Schopfer
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