Wadi Qelt - © Flickr |
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Mais le spécialiste, voulant se justifier, dit à Jésus: «et qui est mon prochain?»
Chers Amis,
Je vous propose de nous arrêter un moment sur cette réaction d'un spécialiste religieux, pris au piège de sa propre question, et qui cherche à se justifier.
Un réflexe très naturel, quand on est pris en défaut.
Chercher à se justifier, chercher à avoir raison à tout prix.
Un réflexe que nous connaissons bien, en particulier quand nous rencontrons quelqu'un dont nous pensons qu'il est différent, qu'il a d'autres idées. Nous nous préparons, nous affûtons nos arguments. Nous aimerions le convaincre et, pourquoi pas, le faire changer d'avis. Au minimum nous aimerions ne pas perdre la face devant ceux dont nous sentons les représentants…
Qui sera donc le gagnant des joutes oratoires entre Jésus, l'inspiré de Dieu, et ce spécialiste des saintes Écritures, qui les a étudiées dans tous les sens ?
La partie théorique se passe plutôt bien pour le spécialiste! Jésus donne la parole à celui qui voulait le piéger: cette Écriture sainte, comment est-ce que tu la comprends?
Et voilà notre spécialiste, trop content de pouvoir montrer sa science! Et il le fait bien!
Il met en relation deux passages bibliques très différents :
- D’un côté, l'invitation à aimer Dieu, de tout son cœur, de tout son amour, de toute sa force et de toute sa pensée. (Deutéronome 6,5)
- De l’autre, l'invitation d’aimer son prochain comme soi-même, qui vient du livre du Lévitique.
Et Jésus le félicite !
Mais c'est sur la pratique que le spécialiste trébuche !
C’est quand Jésus lui dit : « Fais cela et tu auras la vie ! »
Vouloir se justifier, comme le fait notre spécialiste, c'est tenter désespérément de rester sur le terrain de la théorie.
Et justement, de théoriser le prochain. D’en faire un objet distant, sur lequel on parle, mais sans le toucher… et surtout sans se laisser toucher !
Qui est mon prochain ?
Poser la question, c'est laisser entendre qu'il pourrait y avoir quelqu'un qui ne serait pas mon prochain!
Poser la question, c'est déjà dresser des barrières, c'est déjà mettre des frontières!
L'histoire de l'humanité est peuplée de ces barrières, de ses murs dressés pour ne plus voir l'autre. L'histoire de l'humanité est peuplée de théories sur ceux du dedans et ceux du dehors, qui ne sont pas mon prochain et ne le seront jamais!
Qui est mon prochain ?!
C’est alors que Jésus raconte l'histoire de cet homme dont on ne sait même pas le nom. On sait juste qu’il lui est arrivé quelque chose, qu'il a été attaqué, dépouillé, qu'il est presque mort, au bord du long chemin qui traverse les ravins désertiques …
Comment peut-on se demander qui est son prochain ?!
Trois hommes passent par là. Un seul s'arrête.
Est-ce parce qu'il s'est dit : « Chic, voici enfin un prochain ?! Moi qui me demandais… »
Mais non ! C’est parce qu'il s'est reconnu lui-même ! Cet homme sans nom, couché au bord du chemin (ou sur une plage, ou dans une gare) c'est moi ! Il est mon humanité souffrante et blessé !
Je suis son prochain ! Parce que j'ai encore un nom, et qu'il n'en a plus !
« Aime ton prochain comme toi-même ».
Souvent nous comprenons ce commandement en nous disant qu’il faut d’abord s’aimer soi-même, pour pouvoir ensuite aimer l’autre. Il faut d’abord être suffisamment sûr de soi, suffisamment fort… et alors je pourrai m’intéresser à l’autre.
Jésus propose une autre interprétation : « Aime ton prochain, comme un autre toi-même ! » Reconnais-toi dans l’autre, pas d’abord dans ce qu’il a de beau et de fort : dans sa fragilité ! C’est la tienne ! Si tu acceptes ta propre fragilité, alors tu sauras voir celle de l’autre !
Le spécialiste voulait savoir qui était son prochain…
« Et toi, lui demande Jésus, de qui seras tu le prochain ? »
« Sauras-tu te reconnaître dans l'autre, même s’il est différent ? »
« Tu as vu ce Samaritain ? Cet étranger ? Le seul qui s'est arrêté ?
Et bien va et toi aussi, fais de même ! »
Amen
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