Dans les derniers jours viendront des sceptiques moqueurs Photo: Flickr |
Dans les derniers jours viendront des sceptiques moqueurs Photo: Flickr |
Lectures: | 2 Pierre 3,1-13 |
Chers amis,
Dans les derniers jours
viendront des « sceptiques moqueurs ». C'est ce que nous
dit cette deuxième épître de Pierre, qui ne date
pas d'hier.
Et justement, ces railleurs
moqueurs (comme l’on peut aussi
traduire ces deux mots) se rient de l'attente des premiers chrétiens,
une attente qui commence à durer, et qui dure encore
aujourd'hui…
Mais qu'est-ce qui pousse quelqu'un à
se moquer des convictions d'un autre ? Qu'est-ce qui pousse à
ricaner, à critiquer, à accuser quelqu'un, à
cause de la façon dont il comprend sa vie, sa place dans
l'univers ?
La semaine passée, je
lisais une interview de Michel Onfray, écrivain, poète,
athée militant, qui parlait de son dernier livre «
Cosmos », lequel consacre toute une partie aux haïkus, ces
mini-poèmes spirituels japonais.
Et le voici qui lance cette phrase
virulente :
« Je trouve sidérant
que la religion s'arroge le monopole de la spiritualité et que
les croyants transforment les athées en pourceaux d’Épicure
juste capable de grogner et de fouir le sol avec leur groin ! Une
spiritualité athée est possible ! »
Qu'est-ce qui se cache derrière
une pareille agressivité ?
Pourquoi Onfray se met il à
accuser les croyants d'être des « fanfreluches bigotes »
(on notera le féminin) ? Pourquoi s'imagine-t-il que la
religion consiste forcément
comme il le dit à : « prier Dieu pour qu'il
guérisse une maladie ou exauce un vœu. Ou qu'en faisant
une prière on efface le péché d'adultère
et qu’ainsi on met son arme en conformité avec les
conditions de possibilité d'une entrée au paradis. »
Ne connaît-il de la
religion que les caricatures d’un
catholicisme dépassé ?
Il faut reconnaître que
ce langage moqueur sur la religion passe
bien aujourd'hui. Il est de bon ton
d'accuser les religions d'être des systèmes de pouvoir
et d’oppression, tout en ne remarquant pas qu'en faisant cela,
on emploie soi-même le langage de l'exclusion !
Il nous faut résister à
cette mode !
Et pour commencer, ne pas accepter de
nous laisser définir par les autres !
« La religion » : c'est
un concept vide !
C'est un mot fourre-tout, tout
juste bon pour projeter des peurs et des fantasmes !
« La religion » :
c'est une généralisation hâtive. C'est la mise
dans le même panier de phénomènes qui n'ont aucun
rapport les uns avec les autres. On met dans un même sac
l'inquisition, les guerres de religion, le Jihad, les positions de
l'église catholique sur le préservatif, on secoue, et
on nous présente ça comme étant la
religion.
En oubliant bien sûr que
la religion,
ce sont aussi les hôpitaux publics, l'école pour tous,
l'accès à l'écriture, les droits humains…
La religion,
c'est un mot à bannir, surtout quand il est employé au
singulier. Il ne sert qu'à délimiter, à créer
une position hypothétique où l'on serait en dehors de
tout système de croyances.
Monsieur Onfray, vous vous
croyez non religieux, mais vous êtes un gourou comme les
autres, vous êtes aussi un apôtre d’idées et
de convictions ! Vous êtes en quelque sorte un collègue
! Non, c'est vrai, la religion n'a pas le monopole de la
spiritualité ! Mais vous n'avez pas le monopole de la
pensée libre !
Qu'est-ce qui pousse quelqu'un
à se moquer des convictions des autres ? Ses propres
expériences négatives dans son propre contexte ?
Sûrement ! Il se pourrait que le monde dans lequel vous
avez grandi soit l’arbre qui vous cache la forêt !
Monsieur Onfray, aucun groupe
humain n'est à l'abri des jeux de pouvoir et des abus. Que les
Églises puissent servir d'abri à des manipulateurs et
des pervers, c'est malheureusement un fait. Mais c'est aussi le fait
d'autres regroupements : les écoles, les institutions
sociales, les entreprises, les clubs sportifs, les fanfares…
et même les familles. Pourquoi accabler les Églises d'un
mal dont tous souffrent?!
Ce n'est pas en cherchant la
paille dans l'œil de son voisin, qu’on viendra à
bout de la poutre qu'on a dans le sien !
* * *
Jusque-là, je m'en suis
tenu en quelque sorte à la réponse « vers
l'extérieur » aux «railleurs moqueurs» :
« La liberté de penser et de croire que vous
revendiquez pour vous, accordez la nous aussi ! Ne prétendez
pas être notre sauveur : personne ici n'est captif, nous sommes
tous venus de notre plein gré et personne ne nous retient. »
Mais justement, la question qui
nous est posée à nous qui
sommes ici doit quand même être
prise au sérieux, alors que nous sommes entre nous !
Les moqueurs posent la question
de l'espérance ultime,
cet avènement promis et qui, à leurs yeux, ne vient
pas…
Mais nous, qu'est-ce que nous en
pensons ?
Est-ce que nous osons en penser
quelque chose, ou est-ce que nous avons si peur des moqueries que
nous évitons simplement le sujet ?!
L'auteur de l'épître
de Pierre a le mérite d'oser dire quelque chose. Ce qu’il
dit nous donne encore aujourd'hui de quoi réfléchir.
Mais nous, qu'est-ce que nous en disons ?
Les premiers chrétiens étaient
persuadés, à cause de la résurrection du Christ,
que la fin des temps était toute proche.
Au moment où notre
passage est écrit, cette pensée d'une fin des temps
imminente n'est déjà plus à l'ordre du jour
depuis longtemps. Plusieurs générations passées.
Les témoins directs de la résurrection sont
probablement tous déjà morts.
Notre texte nous dit que pour
mieux parler de la fin des temps, il faut savoir regarder en arrière.
Un premier grand nettoyage de la création a déjà
eu lieu au temps de Noé. Si Dieu l'a fait une fois, pourquoi
ne le referait-il pas une deuxième fois ? ! Pourquoi douter de
Dieu et de sa promesse ?
C’est peut-être un
argument. Mais quel rôle l’histoire du déluge
joue-t-elle dans notre propre spiritualité ? La
comprenons-nous de la même façon ?
Et puis, dit aussi le texte, ce
temps d'attente a une valeur particulière :
- Il est patience de Dieu, signé de son amour pour chacun (même pour les athées)
- À l'échelle de Dieu, ce temps de patience est infime … mille ans sont pour lui comme un jour.
D’une manière
générale, ce qui est très intéressant
dans ce texte, c'est que la perspective de la fin des temps n'est pas
du tout vue comme quelque chose d'inquiétant.
C'est au contraire l'attente
d'une nouvelle création où, à la différence
de celle dans laquelle nous vivons, la justice habitera !
Que cela passe par un
nettoyage, par un jugement, n'effraie pas l'auteur. Il voit au
contraire cette perspective comme une invitation à vivre déjà
en fonction de ce monde qui vient. À se ranger déjà
du côté de la justice.
Encore une fois, cela nous
renvoie à nous-mêmes, aujourd'hui, à notre propre
manière de réfléchir à notre monde dont
l’existence est limitée, nous en avons plus que jamais
conscience, et à notre façon de nous voir nous-mêmes,
nous dont les jours sont aussi comptés, probablement encore
plus.
Depuis l'époque du
Christ, beaucoup de choses ont changé, mais surtout l'emprise
que les humains ont maintenant prise sur l'équilibre
planétaire. Un nouveau scénario est apparu, auquel les
premiers chrétiens n'avait pas pensé : nous pourrions
être nous-mêmes à l'origine du cataclysme final.
Du coup, nous sommes devenus
plus conscients de notre propre responsabilité vis-à-vis
de la création, une responsabilité qui ne consiste plus
seulement à cultiver la terre… mais à éviter
qu'elle ne soit détruite à cause de nous !
Alors qu'est-ce que nous espérons ?
Au-delà de l'existence du
monde…
Au-delà de notre propre
existence …
Pour ma part, je crois
qu'au-delà de tout ce que j'ai pu faire faux, c'est un amour
qui m'attend, un amour qui surpasse tout !
Et c'est cet amour de Dieu,
manifesté en Jésus-Christ, qui me donne du courage pour
vivre en être humain responsable, maintenant et jusqu'au jour
où je le verrai face-à-face.
Amen
Olivier
Schopfer
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